Bref historique de la Cunsulta Naziunale
1. Les prémices
Le 5 mai 1976, le Front de Libération Nationale de la Corse était créé. Il diffusait un manifeste et un programme dont le cinquième point annonçait la volonté de mettre en place une « administration parallèle ». Voici les termes exacts utilisés par les fondateurs historiques du FLNC :
« Droit à I'autodétermination après une période transitoire de trois ans durant laquelle I'administration se fera à égalité entre force nationaliste et force d’occupation. Cette période de désaliénation permettra à notre peuple de choisir démocratiquement son destin avec ou sans la France. »
On trouve là, exprimé dans une formulation politique synthétique l’esprit même de la Cunsulta Naziunale. On observe que le Droit à l’autodétermination, c'est-à-dire la liberté de choix, est lié à une « administration » indépendante des institutions françaises parce que cela, et cela seulement, peut élever le niveau de conscience de notre peuple (période de désaliénation par rapport à des structures institutionnelles porteuses d’une idéologie d’oppression). On mesure l’importance d’une telle proposition de la part d’une organisation qui entamait une action armée clandestine mais qui en mesurait les limites et en appelait à l’auto organisation du peuple corse par la mise en œuvre d’une démarche démocratique, individuelle et citoyenne.
2. La conceptualisation
1987. A partir des orientations du FLNC et conscients du danger que pourraient représenter les dérives électoralistes, les militants de A Chjama per l’indipendenza e u sucialisimu devaient élaborer plus précisément le concept « d’administration parallèle » sous la dénomination « d’Assemblée Nationale Provisoire ». Voici comment en était défini le rôle :
« Le Rôle de cette Assemblée consisterait :
· A assurer généralement une représentation nationale du peuple corse pour affirmer sa propre souveraineté dans l’île et son image à l’extérieur ;
· A jeter les bases d’un projet économique, social et culturel pour la Corse de demain et à commencer à le concrétiser ;
· A contrôler tous les actes de l’Etat colonial en Corse, de ses différents appareils et des hommes qui les servent ;
· A décréter l’interdiction de toute réalisation contraire aux intérêts nationaux du peuple corse ;
· A préparer la mise en place d’un processus de retrait de l’Etat colonialiste français et sa substitution par un pouvoir démocratique du peuple corse. »
3. La concrétisation
1988. A l’initiative de A Chjama per l’Indipendenza une première tentative en faveur de la Cunsulta Naziunale se développa à partir de décembre 1988. Mais les contradictions entre partis nationalistes, la recherche d’alliance avec le Parti socialiste français pour certains d’entre eux, des scissions successives qui plus tard devaient conduire à des affrontements dramatiques et enfin la priorité donnée aux élections régionales, conduisirent à l’échec en mai 1991. Néanmoins, la coalition « Corsica Nazione » prit l’engagement dans son programme aux élections territoriales de 1992, de relancer le processus de la Cunsulta Naziunale. Cet engagement n’a pas été tenu. C’est un autre processus particulièrement violent qui devait se développer par la suite entre fractions nationalistes.
1999. Après la signature du protocole de Migliacciaru le 3 juillet 1999, une seconde tentative fut faite par à Chjama per l’Indipendenza de relancer la Cunsulta Naziunale, suite à l’engagement prit de rechercher un accord politique. Jusqu’au 12 août plusieurs réunions se succédèrent où l’opposition à l’idée de la Cunsulta Naziunale fut clairement affirmée par les organisations autonomistes et négligée par la quasi-totalité des autres.
2002. Relance de la Cunsulta Naziunale à l’occasion d’une conférence de presse de « Fronte Corsu» où se sont regroupés les militants de A Chjama per l’Indipendenza, de Rinnovu et d’une partie du PPI. A l’occasion d’une réunion générale du mouvement national prise à l’initiative de la Cuncolta Indipendentista, toutes les composantes, à l’exception des organisations autonomistes, s’engagèrent à relancer concrètement le processus. Un travail intense de structuration et de popularisation s’en suivra qui permettra, malgré de multiples contradictions et ralentissements, de diffuser dès le mois de mai 2003 les premières cartes nationales d’identité. Mais à partir de juillet 2003, à l’initiative du regroupement autonomiste « A Chjama », ce sont les élections territoriales de 2004 qui devaient devenir la préoccupation principale des partis nationalistes au point que le processus de la Cunsulta Naziunale fut interrompu en septembre 2003, avec un engagement de reprise aussitôt passé le scrutin de mars 2004. Cet engagement n’a pas été tenu. Néanmoins cette troisième tentative a permis à l’idée de la Cunsulta Naziunale de commencer à se concrétiser puisque près de 3000 patriotes constituent l’ébauche du Corps électoral de la Nation Corse.
2006. Il a fallu trois ans pour reprendre le processus abandonné en septembre 2003. Nous en sommes donc à la cinquième tentative en 20 ans ! Sa réussite dépend désormais de chaque citoyen qui se reconnaît dans la Nation Corse et qui en souhaite effectivement la restauration pleine et entière. Cette responsabilité « personnelle », ce devoir « patriotique », chacun peut l’exprimer librement et efficacement au sein des comités locaux qui viennent d’être mis en place. Compter sur les seules organisations pour faire des choix politiques, c’est une manière de négliger ses propres devoirs. L’esprit de la Cunsulta Naziunale, c’est la construction par les patriotes eux-mêmes d’une Nation citoyenne où la sphère publique doit faire l’objet de la plus grande transparence démocratique.
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salute , je ne serais malheureusement pas en corse le 9 décembre , serait il possible de participer au vote par internet ou courrier ,
merci d'avance pour votre réponse .
sentimenti corsi fraterni
Rédigé par : blemont-cerli | 23 octobre 2007 à 13:38